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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

règle et puis l’usage, pour s’assurer, autant qu’on le peut, dans les moindres détails, quelque chose de positif et de stable. C’étoit sans doute un grand inconvénient que la cherté des denrées produite par les impôts excessifs ; mais, si la guerre étoit indispensable, quelle autre que cette nation, c’est-à-dire, que cette constitution, pouvoit y suffire ? Montesquieu remarque, avec raison, que les pays libres payent beaucoup plus d’impôts que les pays gouvernés despotiquement : c’est qu’on ne sait pas encore, quoique l’exemple de l’Angleterre ait du l’apprendre, toutes les richesses d’un peuple qui consent à ce qu’il donne, et considère les affaires publiques comme les siennes. Aussi le peuple anglois, loin d’avoir perdu par vingt ans de guerre, avoit-il gagné sous tous les rapports, au milieu même du blocus continental. L’industrie, devenue plus active et plus ingénieuse, suppléoit d’une manière étonnante aux produits qu’on ne pouvoit plus tirer du continent. Les capitaux exclus du commerce avoient été employés aux défrichemens et aux améliorations de l’agriculture dans plusieurs provinces ; le nombre des maisons s’étoit augmenté partout, et l’accroissement de Londres depuis peu d’années est à peine croyable. Une branche