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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

comme toutes les nations continentales, s’ils n’avoient pas été protégés par la mer. Cette opinion ne peut être réfutée par l’expérience : mais, je n’en doute point, si par un coup du Léviathan, la Grande-Bretagne se fût trouvée réunie au continent européen, sans doute elle eût plus souffert, sans doute ses richesses seroient diminuées ; mais l’esprit public d’une nation libre est tel, que jamais elle n’eût subi le joug des étrangers.

Lorsque je débarquai en Angleterre, au mois de juin 1813, on venoit d’apprendre l’armistice conclu entre les puissances alliées et Napoléon. Il étoit à Dresde, et maître encore alors de se réduire au misérable sort d’empereur de la France jusqu’au Rhin, et de roi d’Italie. L’Angleterre probablement n’auroit point souscrit à ce traité, sa position étoit donc loin d’être favorable. Une longue guerre la menaçoit de nouveau ; ses finances paroissoient épuisées, à juger du moins de ses ressources d’après celles de tout autre pays de la terre. Un papier, tenant lieu de monnaie, étoit tombé d’un quart sur le continent ; et, si ce papier n’eût pas été soutenu par l’esprit patriotique de la nation, il eût entraîné le bouleversement des affaires publiques et particulières. Les journaux de