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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

constitution de l’Angleterre. Et c’est du continent, où il étoit exilé par la maison d’Hanovre, qu’il écrivoit ce qu’on va lire. Le devoir des peuples, dit Bolingbroke, est maintenant si clairement établi, qu’aucun homme ne peut ignorer les circonstances dans lesquelles il doit obéir, et celles où il doit résister. La conscience n’a plus à lutter avec la raison. Nous savons que nous devons défendre la couronne aux dépens de notre fortune et de notre vie, si la couronne nous protège et ne s’écarte point des limites assignées par les lois ; mais nous savons de même que, si elle les excède, nous devons lui résister. »

Je remarquerai, en passant, que ce droit divin, depuis long-temps réfuté en Angleterre, se soutient en France par une équivoque. On objecte la formule : Par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre. Ces paroles si souvent répétées, que les rois tiennent leur couronne de Dieu et de leur épée, avoient pour but de s’affranchir des prétentions que formoient les papes au droit de destituer ou de couronner les rois. Les empereurs d’Allemagne, qui étoient très-incontestablement élus, s’intituloient également empereur par la grâce