les connaître pour des partisans de Monmouth ; que, malgré le nom qu’elle portait, l’on savoit bien que son cœur avoit toujours été attaché à la cause royale ; que personne n’avoit versé plus de larmes qu’elle sur la mort de Charles V ; que son fils, élevé par elle et dans ses principes, avoit combattu lui-même contre les rebelles qu’on l’accusoit d’avoir recélés. Ces argumens n’émurent point Jefferies, mais ils agirent sur les jurés qui voulurent deux fois prononcer un verdict favorable, et furent deux fois renvoyés avec des reproches et des menaces. Enfin on leur arracha la fatale sentence, et elle fut exécutée. Le roi fut sourd à toute prière, et crut s’excuser, en répondant qu’il avoit promis à Jefferies de ne pas faire grâce.
« Ceux qui échappoient à la mort étoient condamnés à des amendes qui les réduisoient à la mendicité ; et si leur pauvreté les rendoit incapables de payer, ils subissoient le fouet ou la prison. Le peuple auroit souhaité, dans cette occasion, pouvoir distinguer entre Jacques et ses agens ; mais on prit soin de prouver qu’ils n’avoient rien fait que d’agréable à leur maître. Jefferies, à son retour, fut créé pair pour ses éminens services, et