Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

avec une tyrannie heureusement sans mesure, puisque c’est à ces excès mêmes que la nation a dû la révolution paisible et sage qui a fondé sa liberté. L’historien Hume, Écossois, partisan des Stuarts, et défenseur de la prérogative royale, comme un homme éclairé peut l’être, a plutôt adouci qu’exagéré les forfaits commis par les agens de Jacques II. J’insère ici seulement quelques-uns des traits de ce règne, tels qu’ils sont racontés par Hume.

« La cour avoit inspiré des principes si arbitraires à tous ses serviteurs, que Feversham, immédiatement après la victoire (de Sedgemoor), fit pendre plus de vingt prisonniers, et qu’il continuoit ses exécutions, lorsque l’évêque de Bath et de Wells lui représenta que ces malheureux avoient droit à être jugés dans les formes, et que leur supplice passeroit pour un véritable meurtre. Mais ces remontrances n’arrêtèrent pas l’humeur féroce du colonel Kirke, soldat de fortune, qui, dans un long service à Tanger, et par la fréquentation des Maures, avoit contracté un fonds d’inhumanité plus rare en Europe et chez les nations libres. En entrant dans Bridgewater, il fit conduire dix-neuf prisonniers au gibet sans la moindre information. Ensuite,