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CONSIDÉRATIONS

vrai que les penseurs, de quelque objet qu’ils s’occupent, s’accordent toujours sur la dignité de l’espèce humaine ! Quoique le parlement fût très-obéissant, on avoit encore peur de lui ; et Louis XIV, sentant avec une sagacité remarquable qu’une constitution libre donneroit une grande force à l’Angleterre, corrompoit non-seulement le ministère, mais le roi lui-même, pour prévenir l’établissement de cette constitution. Ce n’étoit point cependant par la crainte de l’exemple qu’il ne vouloit pas de liberté en Angleterre : la France étoit alors trop loin de tout esprit de résistance, pour qu’il put s’en inquiéter ; c’est uniquement, et les pièces diplomatiques le prouvent, parce qu’il considéroit le gouvernement représentatif comme une source de richesse et de puissance pour les Anglois. Il fit offrir à Charles II deux cent mille louis, s’il vouloit se déclarer catholique et ne plus convoquer de parlements. Charles II et ensuite Jacques II acceptèrent ces subsides, sans oser en tenir toutes les conditions. Les premiers ministres, les femmes de ces premiers ministres recevoient des présens de l’ambassadeur de France, en promettant de soumettre l’Angleterre à l’influence de Louis XIV. Charles II auroit souhaité, est-il dit dans les négo-