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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

sous le règne de Charles II ; et bien d’autres moins célèbres furent de même condamnés à mort injustement. Russel refusa de racheter sa vie à la condition de reconnaître que la résistance au souverain, quelque despote qu’il soit, est contraire à la religion chrétienne. Algernon Sidney dit en montant sur l’échafaud : « Je viens ici mourir pour la bonne vieille cause que j’ai chérie depuis mon enfance. » Le lendemain de sa mort, il se trouva des journalistes qui tournèrent en ridicule ces belles et simples paroles. La plus indigne de toutes les flatteries, celle qui livre les droits des nations au bon plaisir des souverains, se manifesta de toutes parts. L’université d’Oxford condamna tous les principes de la liberté, et se montra mille fois moins éclairée au dix-septième siècle que les barons au commencement du treizième. Elle proclama qu’il n’y avoit point de contrat mutuel, ni exprès, ni tacite, entre les peuples et les rois. C’est d’une ville destinée à être un foyer de lumières que partit cette déclaration qui mettoit un homme au-dessus de toutes les lois divines et humaines, sans lui imposer ni devoirs ni frein. Locke, jeune encore, fut banni de l’université pour avoir refusé son adhésion à cette doctrine servile ; tant il est