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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

des privilégiés. Sans aborder les discussions religieuses, l’on ne sauroit nier aussi que les opinions des protestans, étant fondées sur l’examen, ne soient plus favorables aux lumières et à l’esprit de liberté que le catholicisme, qui décide de tout d’après l’autorité, et considère les rois comme aussi infaillibles que les papes, à moins que les papes ne soient en guerre avec les rois. Enfin, et c’est sous ce rapport qu’il faut reconnoître l’avantage de la position insulaire, Cromwell n’imagina pas de faire des conquêtes sur le continent ; il n’excita point la colère des rois, qui ne se crurent point menacés par les essais politiques d’un pays sans communication immédiate avec la terre européenne : encore moins les peuples prirent-ils parti dans la querelle, et les Anglois eurent l’insigne bonheur de n’avoir ni provoqué les étrangers, ni réclamé leurs secours. Les Anglois disent avec raison qu’ils n’ont eu dans leurs derniers troubles civils rien qui ressemble aux dix-huit mois de la terreur en France. Mais, en embrassant l’ensemble de leur histoire, l’on verra trois rois déposés et tués, Edouard II, Richard II, et Henri VI ; un roi assassiné, Edouard V ; Marie d’Ecosse et Charles Ier périssant sur l’échafaud ; des princes du sang royal mourant