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CONSIDÉRATIONS

ne faisoient point caste à part comme chez les François. La fusion des états, qui n’empêche point la distinction des rangs, existoit déjà depuis long-temps. En Angleterre, la noblesse de seconde classe étoit réunie avec les communes[1]. Les familles de pairs étoient seules à part, tandis qu’en France on ne savoit où trouver la nation, et que chacun étoit impatient de sortir de la masse pour entrer dans la classe

  1. Je rapporte ici le texte d’une adresse des communes, sous Jacques Ier, qui démontre évidemment cette vérité.
    Déclaration de la chambre des communes sur ses priviléges, écrite par un comité choisi pour présenter cette adresse à Jacques Ier.
    Les communes de ce royaume contiennent non-seulement les citoyens, les bourgeois, les cultivateurs, mais aussi toute la noblesse inférieure du royaume, chevaliers, écuyers, gentilshommes. Plusieurs d’entre eux appartiennent aux premières familles ; d’autres sont parvenus par leur mérite au grand honneur d’être admis au conseil privé de Votre Majesté, et ont obtenu des emplois très-honorables. Enfin, excepté la plus haute noblesse, les communes renferment toute la fleur et la puissance de votre royaume. Elles soutiennent vos guerres par leurs personnes, et vos trésors par leur argent : leurs cœurs font la force et la stabilité de votre royaume. Tout le peuple, qui consiste en plusieurs millions d’hommes, est représenté par nous de la chambre des communes.