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CONSIDÉRATIONS

duit avec modération. On pourroit comparer le règne d’Élisabeth en Angleterre à celui de Louis XIV en France.

Élisabeth avoit plus d’esprit que Louis XIV ; et, se trouvant à la tête du protestantisme, dont la tolérance est le principe, elle ne put, comme le monarque françois, joindre le fanatisme au pouvoir absolu. Le parlement, qui avoit comparé Henri VIII à Samson pour la force, à Salomon pour la prudence, et à Absalon pour la beauté, envoya son orateur déclarer à genoux à la reine Élisabeth qu’elle étoit une divinité. Mais, ne se bornant pas à ces servilités fades, il se souilla d’une flatterie sanglante, en secondant la criminelle haine d’Élisabeth contre Marie Stuart ; il lui demanda la condamnation de son ennemie, voulant ainsi dérober à la reine la honte de ce qu’elle désiroit ; mais il ne fit que se déshonorer à sa suite.

Le premier roi de la maison de Stuart, aussi faible, quoique plus régulier dans ses mœurs que le successeur de Louis XIV, professa constamment la doctrine du pouvoir absolu, sans avoir dans son caractère de quoi la maintenir. Les lumières s’étendoient de toutes parts. L’impulsion donnée à l’esprit humain, au commencement du seizième siècle, se propageoit de