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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Le parlement remercia le roi de la divine étude, du travail et de la peine que Sa Majesté avoit consacrés à la rédaction de cette loi. Néanmoins Henri VIII ouvrit le chemin à la réformation religieuse ; elle fut introduite en Angleterre par ses amours coupables, comme la grande charte avoit dû son existence aux crimes de Jean sans Terre. Ainsi cheminent les siècles, marchant sans le savoir vers le but de la destinée humaine.

Le parlement, sous Henri VIII, violenta les consciences aussi bien que les personnes. Il ordonna, sous peine de mort, de considérer le roi comme chef de l’Église ; et tous ceux qui s’y refusèrent périrent martyrs de leur courage. Les parlemens changèrent quatre fois la religion de l’Angleterre. Ils consacrèrent le schisme de Henri VIII et le protestantisme d’Edouard VI, et lorsque la reine Marie fit jeter dans les flammes des vieillards, des femmes, des enfans, espérant ainsi plaire à son fanatique époux, ces atrocités furent encore sanctionnées par le parlement naguère protestant.

La réformation reparut avec Élisabeth, mais l’esprit du peuple et du parlement n’en fut pas moins servile. Cette reine eut toute la grandeur que peut donner un despotisme con-