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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tude remplaça pour un temps l’esprit de faction. Henri VII, comme Louis XI et le cardinal de Richelieu, subjugua la noblesse, et sut établir le despotisme le plus complet. Le parlement, qui depuis a été le sanctuaire de la liberté, ne servoit alors qu’à consacrer les actes les plus arbitraires par un faux air de consentement national ; car il n’y a pas de meilleur instrument pour la tyrannie qu’une assemblée, quand elle est avilie. La flatterie se cache sous l’apparence de l’opinion générale, et la peur en commun ressemble presque à du courage ; tant on s’anime les uns les autres dans l’enthousiasme du pouvoir ! Henri VIII fut encore plus despote que son père, et plus désordonné dans ses volontés. Ce qu’il adopta de la réformation le servit merveilleusement, pour persécuter tout à la fois les catholiques orthodoxes et les protestans de bonne foi. Il entraîna le parlement anglois à tous les actes de servitude les plus humiliants. Ce fut le parlement qui se chargea des procès intentés aux innocentes femmes de Henri VIII. Ce fut lui qui sollicita l’honneur de condamner Catherine Howard, déclarant qu’il n’avoit pas besoin de la sanction royale pour porter le bill d’accusation contre elle, afin d’épargner au roi son époux, disoit-on, la