Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
CONSIDÉRATIONS

la nature des choses commande aux souverains et satisfait les peuples. Guillaume le Conquérant avoit détrôné Harald ; la maison de-Lancastre à son tour renversa Richard II, et l’acte d’élection qui appeloit Henri IV au trône fut assez libéral pour être imité depuis par lord Sommers, en 1688. À l’avènement de Henri IV, en 1399, ou voulut renouveler la grande charte, et du moins le roi promit de respecter les franchises et les libertés de la nation. Mais la nation ne sut pas alors se faire respecter elle-même. La guerre avec la France, les guerres intestines entre les maisons d’York et de Lancastre, donnèrent lieu aux scènes les plus sanglantes, et aucune histoire ne nous offre autant d’atteintes portées à la liberté individuelle, autant de supplices, autant de conjurations de toute espèce. L’on finit, du temps du fameux Warwick, le faiseur de rois, par porter une loi qui enjoignoit d’obéir au souverain de fait, soit qu’il le fût ou non de droit, afin d’éviter les condamnations arbitrairement judiciaires, auxquelles les changemens de gouvernement devoient donner lieu.

Vint ensuite la maison de Tudor, qui, dans la personne de Henri VII, réunissoit les droits des York et des Lancastre. La nation étoit fatiguée des guerres civiles. L’esprit de servi-