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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE II.

Coup d’œil sur l’histoire d’Angleterre.

IL m’est pénible de représenter le caractère anglais à son désavantage, même dans les temps passés. Mais cette nation généreuse écoutera sans peine tout ce qui lui rappelle que c’est à ses institutions politiques actuelles, à ces institutions que d’autres peuples peuvent imiter, qu’elle doit ses vertus et sa splendeur. La vanité puérile de se croire une race à part ne vaut certainement pas, aux yeux des Anglais, l’honneur d’encourager le genre humain par leur exemple. Aucun peuple de l’Europe ne peut être mis en parallèle avec les Anglais depuis 1688 : il y a cent vingt ans de perfectionnement social entre eux et le continent. La vraie liberté, établie depuis plus d’un siècle chez un grand peuple, a produit les résultats dont nous sommes les témoins ; mais, dans l’histoire précédente de ce peuple, il y a plus de violences, plus d’inégalités, et, à quelques égards, plus d’esprit de servitude encore que chez les François.