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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE II.

De la doctrine politique de quelques émigrés François et de
leurs adhérens
.

LES opposans à la révolution de France, en 1789, nobles, prêtres et magistrats, ne se lassoient pas de répéter qu’aucun changement dans le gouvernement n’étoit nécessaire, parce que les corps intermédiaires existant alors suffisoient pour prévenir le despotisme ; et maintenant ils proclament le despotisme comme le rétablissement de l’ancien régime. Cette inconséquence dans les principes est une conséquence dans les intérêts. Quand les privilégiés servoient de limites à l’autorité des rois, ils étoient contre le pouvoir arbitraire de la couronne ; mais, depuis que la nation a su se mettre à la place des privilégiés, ils se sont ralliés à la prérogative royale, et veulent faire considérer toute opposition constitutionnelle, et toute liberté politique, comme une rébellion.

Ils fondent la puissance des rois sur le droit divin : absurde doctrine qui a perdu les Stuarts, et que dès lors même leurs adhérens les plus