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CONSIDÉRATIONS

mépris, qui ordonnoit si légèrement des emprisonnemens arbitraires, invoque la liberté des Anglois, et veut s’en faire un bouclier. Ah ! que ne la donnoit-il à la France cette liberté ! ni lui ni les François ne se seroient trouvés à la merci des vainqueurs.

Soit que Napoléon vive ou périsse, soit qu’il reparaisse ou non sur le continent de l’Europe, un seul motif nous excite à parler encore de lui ; c’est l’ardent désir que les amis de la liberté en France séparent entièrement leur cause de la sienne, et qu’on se garde de confondre les principes de la révolution avec ceux du régime impérial. Il n’est point, je crois l’avoir montré, de contre-révolution aussi fatale à la liberté que celle qu’il a faite. S’il eût été d’une ancienne dynastie, il auroit poursuivi l’égalité avec un acharnement extrême, sous quelque forme qu’elle pût se présenter ; il a fait sa cour aux prêtres, aux nobles et aux rois, dans l’espoir de se faire accepter pour monarque légitime ; il est vrai qu’il leur disoit quelquefois des injures, et leur faisoit du mal, quand il s’apercevoit qu’il ne pouvoit entrer dans la confédération du passé ; mais ses penchans étoient aristocrates jusqu’à la petitesse. Si les principes de la liberté succombent en Europe, c’est