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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

différentes classes des défenseurs de la révolution pouvaient, à quelques égards, préférer le chef dont l’illégitimité même étoit une garantie, puisqu’elle le plaçoit en opposition avec les anciennes doctrines politiques : mais le caractère de Bonaparte est si contraire aux institutions libres, que ceux de leurs partisans qui ont cru devoir se rattacher à lui, ne l’ont pas secondé de tous leurs moyens, parce qu’ils ne lui appartenoient pas de toute leur âme ; ils avoient une arrière-pensée, une arrière-espérance. S’il restoit, ce qui est fort douteux, une ressource à la France, lorsqu’elle avoit provoqué l’Europe, ce ne pouvoit être que la dictature militaire ou la république. Mais rien n’étoit plus insensé que de fonder une résistance désespérée sur un mensonge : on n’a jamais le tout d’un homme avec cela.

Le même système d’égoïsme qui a toujours guidé Bonaparte, l’a porté à vouloir à tout prix une grande victoire, au lieu d’essayer un système défensif qui convenoit peut-être mieux à la France, surtout si l’esprit public l’avoit soutenu. Mais il arrivoit en Belgique, à ce qu’on dit, portant dans sa voiture un sceptre, un manteau, enfin, tous les hochets de l’empire ; car il ne s’entendoit bien qu’à cette espèce de