sente, ou de celles qui n’existent plus ? si c’est dans les antiquités obscures et contestées de l’histoire qu’un homme d’état doit chercher la règle de sa conduite, ou si cet homme doit avoir le génie et la fermeté de M. Pitt, savoir où est la puissance, où tend l’opinion, où l’on peut prendre son point d’appui pour agir sur la nation ? Car sans la nation on ne peut rien, et avec elle on peut tout, excepté ce qui tend à l’avilir elle-même : les baïonnettes servent seules à ce triste but. En recourant à l’histoire du passé, comme à la loi et aux prophètes, il arrive en effet à l’histoire ce qui est arrivé à la loi et aux prophètes : elle devient le sujet d’une guerre d’interprétation interminable. S’agit-il aujourd’hui de savoir, d’après les diplômes du temps, si un roi méchant, Philippe le Bel, ou un roi fou, Charles VI, ont eu des ministres qui, en leur nom, aient permis à la nation d’être quelque chose ? Au reste, les faits de l’histoire de France, bien loin de servir d’appui à la doctrine que nous combattons, confirment l’existence d’un pacte primitif entre la nation et les rois, autant que la raison humaine en démontre la nécessité. Je crois avoir prouvé qu’en Europe, comme en France, ce qui est ancien, c’est la liberté ; ce qui est moderne, c’est le
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