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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

leurs cette première entrée des étrangers effaçoit-elle les nombreux triomphes des François ? Ils n’étoient-ils pas encore présens à l’Europe entière. ? Ne parloit-elle pas de la bravoure des François avec respect ? et n’étoit-il pas juste alors, quoique cela fût douloureux, que les François à leur tour ressentissent les dangers attachés à leurs injustes guerres ? Enfin l’irritation qui portoit quelques individus à désirer de voir renverser un gouvernement proposé par les étrangers, étoit-elle un sentiment patriotique ? Certainement les nations européennes n’avoient point pris les armes pour rétablir les Bourbons sur le trône ; ainsi l’on ne devoit pas attribuer la coalition à l’ancienne dynastie : on ne pouvoit pas nier aux descendans de Henri IV qu’ils ne fussent François, et Louis XVIII s’étoit conduit comme tel dans la négociation de la paix, lorsque, après toutes les concessions faites avant son arrivée, il avoit su conserver intact l’ancien territoire de France. Il n’étoit donc pas vrai de dire que l’orgueil national exigeât de nouvelles guerres ; la France avoit encore beaucoup de gloire ; et, si elle avoit su repousser Bonaparte, et devenir libre comme l’Angleterre, jamais elle n’auroit vu les étendards britanniques flotter une seconde fois sur ses remparts.