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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

leur physionomie perd son empressement gracieux ; ils commencent à raisonner sur les fautes qu’on a commises ; ils accusent leurs collègues amèrement, et font des lamentations doucereuses sur leur maître ; enfin, par une métamorphose graduée, ils se changent en ennemis, ceux qui naguère avoient égaré les princes par leurs flatteries orientales.

Après avoir prononcé ces exclusions, il ne reste, et c’est un grand bien ; il ne reste, dis-je, à choisir que des amis de la liberté, soit ceux qui ont conservé cette opinion sans la souiller, depuis 1789, soit ceux qui, plus jeunes, la suivent maintenant, qui l’adoptent au milieu des efforts que l’on fait pour l’étouffer, génération nouvelle qui s’est montrée dans ces derniers temps, et sur laquelle l’avenir repose.

De tels hommes sont appelés à terminer la révolution par la liberté, et c’est le seul dénoûment possible à cette sanglante tragédie. Tous les efforts pour remonter le torrent feront chavirer la barque ; mais faites entrer ce torrent dans des canaux, et toute la contrée qu’il ravageoit sera fertilisée.

Un ami de la liberté, ministre du roi, respecteroit le chef suprême de la nation, et seroit fidèle au monarque constitutionnel, à la vie et