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CONSIDÉRATIONS

bre de militaires ont des vertus qui honorent la France ; quelques administrateurs possèdent de rares talens dont on peut tirer avantage ; mais les principaux chefs, mais les favoris du pouvoir, ceux qui se sont enrichis par la servitude, ceux qui ont livré la France à cet homme qui l’auroit respectée peut-être, s’il avoit rencontré quelque obstacle à son ambition, quelque fierté dans ses alentours, il n’est point de choix plus nuisibles à la dignité, comme à la sûreté de la couronne ; s’il est dans le système des bonapartistes de servir toujours la puissance, s’ils apportent leur science de despotisme au pied de tous les trônes, d’antiques vertus doivent-elles s’allier avec leur corruption. ? Si l’on vouloit repousser toute liberté, mieux auroit valu alors s’appuyer sur les royalistes purs, qui du moins étoient sincères dans leur opinion, et se faisoient un article de foi du pouvoir absolu ; mais ces hommes dégagés de tout scrupule politique, comment compter sur leurs promesses ? Ils ont de l’esprit, dit-on ; ah ! qu’il soit maudit, l’esprit, s’il dispense d’un seul sentiment vrai, d’un seul acte de moralité droit et ferme ! Et de quelle utilité sont donc les facultés de ceux qui vous accablent, quand vous succombez ? Qu’un grain noir se montre sur l’horizon, par degrés