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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

guide, au lieu de produire une expulsion funeste.

Enfin, le choix des ministres, c’est-à-dire, du parti dans lequel il falloit les chercher, étoit la condition la plus importante pour mettre en sûreté la restauration. Dans les temps où les esprits sont occupés des débats politiques, comme ils l’étoient jadis des querelles religieuses, l’on ne peut gouverner les nations libres qu’à l’aide des hommes qui sont d’accord avec les opinions de la majorité : je commencerai donc par signaler ceux qu’on devoit exclure, avant de désigner ceux qu’il falloit prendre.

Aucun des hommes qui ont commis un crime dans la révolution, c’est-à-dire, versé le sang innocent, ne peut être utile en rien à la France. Le public les repousse, et leur propre inquiétude les fait dévier en tous les sens. Repos pour eux, sécurité ; car, nul ne peut dire ce qu’il auroit fait dans de si grandes tourmentes. Celui qui n’a pas su tirer sa conscience et son honneur intacts de quelque lutte que ce soit, peut encore être assez adroit pour se servir lui-même, mais ne peut jamais servir sa patrie.

Parmi ceux qui ont pris une part active au gouvernement de Napoléon, un grand nom-