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CONSIDÉRATIONS

l’éclat des lumières, devoit être encouragé sous le gouvernement d’un prince aussi éclairé que Louis XVIII. C’étoit ainsi qu’on pouvoit détourner les esprits de l’enthousiasme militaire, et compenser pour la nation la perte de cette fatale gloire qui fait tant de mal, soit qu’on l’obtienne, soit qu’on la perde.

Aucun acte arbitraire, et nous insisterons avec bonheur sur ce fait, aucun acte arbitraire n’a été commis pendant la première année de la restauration. Mais l’existence de la police, formant un ministère comme sous Bonaparte, étoit en désaccord avec la justice et la douceur du gouvernement royal. La principale fonction de cette police était, comme nous l’avons dit, la censure des journaux, et leur esprit étoit détestable. En supposant que cette surveillance fût nécessaire, au moins falloit-il choisir les censeurs parmi les députés et les pairs ; mais c’étoit violer tous les principes du gouvernement représentatif, que de remettre aux ministres eux-mêmes la direction de l’opinion qui doit les juger et les éclairer. Si la liberté de la presse avoit existé en France, j’ose affirmer que Bonaparte ne seroit point revenu ; on auroit signalé le danger de son retour de manière à dissiper les illusions opiniâtres, et la vérité auroit servi de