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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l’ascendant sur les esprits. La chambre des députés, qui n’avoit cependant aucun titre vraiment populaire, puisqu’elle n’étoit point élue directement, exerçoit plus de pouvoir sur l’opinion que la chambre des pairs, par cela seul qu’on connoissoit et qu’on entendoit ses orateurs.

Enfin, les François veulent le renom et le bonheur attachés à la constitution angloise, et cet essai vaut bien la peine d’être tenté ; mais le système étant admis, il importe d’y conformer les discours, les institutions et les usages. Car il en est de la liberté comme de la religion ; toute hypocrisie dans une belle chose révolte plus que son abjuration complète. Aucune adresse ne devoit être reçue, aucune proclamation ne devoit être faite, qui ne rappelât formellement le respect pour la constitution aussi bien que pour le trône. La superstition de la royauté, comme toutes les autres, éloigne ceux que la simplicité du vrai auroit captivés.

L’éducation publique, non celle qui étoit confiée aux ordres religieux, à laquelle on ne peut revenir, mais une éducation libérale, l’établissement d’écoles d’enseignement mutuel dans tous les départemens, les universités, l’école polytechnique, tout ce qui pouvoit rendre à la France