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CONSIDÉRATIONS

libérantes ; et, s’en tenant à leur ancienne connoissance des premiers événemens de la révolution, c’est contre la liberté de la tribune qu’ils dirigeoient tous leurs efforts. Ils ne s’apercevoient pas que, dans un état qui s’est enivré de l’esprit militaire, la tribune est une garantie, au lieu d’être un danger, puisqu’elle relève la puissance civile. Pour augmenter autant qu’on le pouvoit l’influence de la chambre des pairs, l’on ne devoit point s’astreindre à conserver tous les anciens sénateurs, s’ils n’avoient pas des droits à cet honneur par leur mérite personnel. La pairie devoit être héréditaire, et composée sagement des anciennes familles de France qui lui donnoient de la dignité, et des hommes qui s’étoient acquis un nom honorable dans la carrière militaire ou civile. Les nouveaux auroient tiré du lustre des anciens, et les anciens des nouveaux ; c’est ainsi qu’on auroit marché vers cette fusion constitutionnelle des classes, sans laquelle il n’y a jamais que de l’arrogance d’une part, et de la subalternité de l’autre.

Il importoit aussi de ne point condamner la chambre des pairs à délibérer en secret : c’étoit lui ôter le plus sûr moyen d’acquérir de