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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

ne nous a point sauvés ? D’abord on auroit eu plus de confiance dans la durée même de la charte, si elle eût été fondée sur un pacte avec la nation, et si l’on n’avoit pas vu la famille royale entourée de personnes qui professoient, pour la plupart, des principes inconstitutionnels. Personne n’a voulu bâtir sur un terrain aussi mouvant, et les factions sont restées debout pour attendre la chute de l’édifice.

Il importoit d’établir des autorités locales dans les villes et dans les villages, de créer des intérêts politiques dans les provinces, afin de diminuer l’ascendant de Paris, où l’on veut tout obtenir par la faveur. On pouvoit faire renaître le besoin de l’estime chez des individus qui s’en sont terriblement passés, en leur rendant nécessaire le suffrage de leurs concitoyens pour être députés. Une élection nombreuse pour la chambre des représentans(six cents députés au moins : la chambre des communes d’Angleterre en a davantage), auroit donné plus de considération au corps législatif, et par conséquent beaucoup de personnes honorables se seroient vouées à cette carrière. On a reconnu que la condition d’âge, fixée à quarante ans, étouffoit toute espèce d’émulation. Mais les ministres craignoient avant tout les assemblées dé-