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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

demandons un autre culte et d’autres desservans, et nous croyons qu’alors seulement la monarchie sera stable.

Un changement de dynastie, même légalement prononcé, n’a jamais eu lieu que dans les pays où le gouvernement qu’on renversoit étoit arbitraire ; car, le caractère personnel du souverain faisant alors le sort des peuples, il a bien fallu, comme on l’a souvent vu dans l’histoire, déposséder ceux qui n’étoient pas en état de gouverner ; tandis que sous nos yeux le respectable monarque de l’Angleterre a long-temps régné, bien que ses facultés fussent troublées, parce qu’un ministère responsable permettoit de retarder la résolution de proclamer la régence. Ainsi, d’une part, le gouvernement représentatif inspire plus de respect pour le souverain à ceux qui ne veulent pas qu’on transforme en dogmes les affaires de ce monde, de peur qu’on ne prenne le nom de Dieu en vain ; et de l’autre les souverains consciencieux n’ont pas à craindre que tout le salut de l’état ne repose sur leur seule tête. La légitimité, telle qu’on l’a proclamée nouvellement, est donc tout-à-fait inséparable des limites constitutionnelles. Que les limites qui existoient anciennement en France aient été