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CONSIDÉRATIONS

ne doivent point lui être rendus en compensation des injustices dont elle a été l’objet. De même aussi, parce que le souvenir de Louis XVI et de sa famille inspire un intérêt profond et déchirant, il ne s’ensuit pas que le pouvoir absolu soit la consolation nécessaire qu’il faille donner à ses descendants. Ce seroit imiter Achille qui faisoit immoler des esclaves sur le tombeau de Patrocle.

La nation existe toujours : c’est elle qui ne meurt point ; et les institutions qu’il lui faut ne peuvent lui être ôtées sous aucun prétexte. Quand on peint les horreurs qui se sont commises en France, seulement avec l’indignation qu’elles doivent inspirer, tout le monde s’y associe ; mais, quand on en fait un moyen d’exciter à la haine contre la liberté, on dessèche les larmes que les regrets spontanés auroient fait couler.

Le grand problème que les ministres avoient à résoudre en 1814, ils pouvoient l’étudier dans l’histoire d’Angleterre. Il falloit prendre pour modèle la conduite de la maison d’Hanovre, et non celle des Stuarts.

Mais, dira-t-on, quels effets merveilleux auroit donc produits la constitution angloise en France, puisque la charte qui s’en rapproche