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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

contenir les prétentions de leurs compagnons d’armes, pourquoi les ministres de Louis XVIII n’avaient-ils pas aussi l’art de gouverner les dangereux amis que Louis XVI avoit désignés lui-même dans son testament comme lui ayant beaucoup nui par un zèle mal entendu ?

Le clergé existant, ou plutôt celui qu’on vouloit rétablir, étoit une autre difficulté qui se présentoit dès la première année de la restauration. La conduite du gouvernement doit être la même envers le clergé qu’envers toutes les classes : tolérance et liberté, à partir des choses telles qu’elles sont. Si la nation veut un clergé riche et puissant, en France elle saura bien le rétablir ; mais si personne ne le souhaite, c’est aliéner de plus en plus la disposition des François à la piété, que de leur présenter la religion comme un impôt, et les prêtres comme des gens qui veulent s’enrichir aux dépens du peuple. On rappelle sans cesse les persécutions que les ecclésiastiques ont éprouvées pendant la révolution. C’étoit un devoir de les servir alors autant qu’on en avoit les moyens, mais le rétablissement de l’influence politique du clergé n’a point de rapport avec la juste pitié qu’ont inspirée les souffrances des prêtres : il en est de même de la noblesse ; ses priviléges