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CONSIDÉRATIONS

vile[1]. Qu’on se le demande avec sincérité, si en Angleterre, lorsque la cause des royalistes sembloit désespérée, on avoit dit aux émigrés : Louis XVIII remontera sur le trône de France, mais à condition de s’en tenir au pouvoir du roi d’Angleterre ; et vous qui rentrerez avec lui, vous obtiendrez tous les dédommagemens et toutes les faveurs qu’un monarque selon vos vœux pourra vous accorder ; mais, si vous retrouvez de la fortune, ce sera par ses dons, et non à titre de droits ; et, si vous acquérez du pouvoir, ce sera par vos talens personnels, et non par des priviléges de classe : n’auraient-ils pas souscrit à ce traité. ? Pourquoi donc se laisser enivrer par un moment de prospérité ? et si, je me plais à le répéter, Henri IV qui avoit été protestant, et Sully qui l’étoit resté, savoient

  1. Le roi donna l’ordre, en 1815, que sur ce supplément les deux millions déposés par mon père au trésor royal fussent restitués à sa famille, et cet ordre devoit être exécuté à l’époque même du débarquement de Bonaparte. La justice de notre réclamation ne sauroit être contestée ; mais je n’en admire pas moins la conduite du roi, qui, portant l’économie dans plusieurs de ses dépenses personnelles, ne vouloit point retrancher celles que l’équité recommandait. Depuis le retour de Sa Majesté, le capital de deux millions nous a été payé en une inscription de cent mille livres de rente sur le grand livre. ( Note de l’auteur. )