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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

dant quelque temps encore auroient regretté leur importance passée : mais la nation, dont ils font partie, plus que dans aucune autre armée, puisqu’ils sont pris dans toutes les classes, cette nation, satisfaite de sa constitution et rassurée sur ce qu’elle craint le plus au monde, le retour des priviléges des nobles et du clergé, auroit calmé les militaires, au lieu de les irriter par ses inquiétudes. Il ne falloit pas viser à imiter Bonaparte pour plaire à l’armée ; on ne saurait, dans cet inutile effort, se donner que du ridicule ; mais en adoptant un genre à soi tout différent, même tout opposé, on pouvoit obtenir le respect qui naît de la justice et de l’obéissance à la loi ; cette route-là, du moins, n’étoit pas usée par les traces de Bonaparte.

Quant aux émigrés, dont les biens sont confisqués, on auroit pu, ainsi qu’on l’a fait en 1814, demander quelquefois encore une somme extraordinaire au corps législatif, pour acquitter les dettes personnelles du roi ; et comme, sans le retour de Bonaparte, on n’auroit point eu de tributs à payer au étrangers, les députés se seroient prêtés aux désirs du monarque, en respectant l’usage qu’il vouloit faire d’un supplément accidentel à sa liste ci-