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CONSIDÉRATIONS

promis la restauration, et laissoit le roi sans force réelle au milieu de la France. Examinons d’abord la conduite que le gouvernement devoit tenir envers chaque parti, et concluons, en rappelant les principes d’après lesquels il falloit diriger les affaires et choisir les hommes.

L’armée était, dit-on, difficile à ramener. Sans doute, si l’on vouloit garder encore une armée propre à conquérir l’Europe et à établir le despotisme dans l’intérieur, cette armée devoit préférer Bonaparte, comme chef militaire, aux princes de la maison de Bourbon ; rien ne pouvoit changer cette disposition. Mais si, tout en payant exactement les appointemens et les pensions des guerriers qui ont donné tant d’éclat au nom François, on eût fait connaître à l’armée qu’on n’avoit ni peur, ni besoin d’elle, puisqu’on étoit décidé à prendre pour guide une politique purement libérale et pacifique ; si, loin d’insinuer tout bas aux officiers qu’on leur sauroit bien bon gré d’appuyer les empiétemens de l’autorité, on leur avoit dit que le gouvernement constitutionnel, ayant le peuple pour lui, vouloit tendre à diminuer les troupes de ligne, à transformer les soldats en citoyens, et à changer l’activité guerrière en émulation civile, les officiers pen-