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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

avoit pris l’habitude pendant de longues années d’exil. Qu’importe, en Angleterre, que tel ou tel homme soit dans la maison du roi ? Ceux qui se vouent à cette carrière ne se mêlent d’ordinaire en rien des affaires publiques, et l’on n’a pas ouï dire que les Fox et les Pitt fussent bien désireux de remplir ainsi leur temps. C’est Napoléon qui pouvoit seul faire entrer dans la tête des soldats de la république toutes ces fantaisies de bourgeois gentilshommes, qui les assujettissoient nécessairement à la faveur des cours. Qu’auroient dit Dugommier, Hoche, Joubert, Dampierre, et tant d’autres qui ont péri pour l’indépendance de leur pays, si, pour récompense de leur victoire, on leur eût offert une place dans la maison d’un prince, quel qu’il fût ? Mais les hommes formés par Bonaparte ont toutes les passions de la révolution, et toutes les vanités de l’ancien régime ; pour obtenir le sacrifice de ces petitesses, il n’existoit qu’un moyen, c’étoit d’y substituer de grands intérêts nationaux.

Enfin, l’étiquette des cours dans toute sa rigueur ne peut guère se rétablir dans un pays qui s’en est déshabitué. Si Bonaparte n’avoit pas mêlé la vie des camps à tout cela, personne ne l’auroit supporté. Henri IV vivoit fa-