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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

des passions plus fortes étoient réveillées par chacune des petites circonstances que les prétentions diverses faisoient naître.

Le roi, cependant, n’avoit point rétabli les conditions qu’on exigeoit sous l’ancien régime pour être reçu à la cour ; il accueilloit avec une politesse parfaitement bien calculée tous ceux qui lui étoient présentés ; mais, quoique les emplois ne fussent que trop souvent donnés aux ci-devant serviteurs de Bonaparte, rien n’étoit plus difficile que de calmer des vanités qui étoient devenues avisées. Dans la société même, l’on vouloit que le mélange des deux partis eût lieu, et chacun s’y prêtait, du moins en apparence. Les plus modérés dans leur parti étoient encore les royalistes revenus avec le roi, et qui ne l’avoient pas quitté pendant tout le cours de son exil : le comte de Blacas, le duc de Grammont, le duc de Castries, le comte de Vaudreuil, etc. ; leur conscience leur rendant témoignage qu’ils avoient agi de la manière la plus noble et la plus désintéressée selon leur opinion, ils étoient tranquilles et bienveillants. Mais ceux dont on avoit le plus de peine à contenir l’indignation vertueuse contre le parti de l’usurpateur, c’étoient les nobles ou leurs adhérens, qui avoient demandé des places à ce