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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE X.

De l’influence de la société sur les affaires politiques en
France
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PARMI les difficultés que le ministère avoit à vaincre en 1814, il faut mettre au premier rang l’influence que les salons exerçoient sur le sort de la France. Bonaparte avoit ressuscité les vieilles habitudes des cours, en y joignant de plus tous les défauts des classes moins raffinées. Il en étoit résulté que le goût du pouvoir et la vanité qu’il inspire avoient pris des caractères plus forts et plus violens encore dans les bonapartistes que dans les émigrés. Tant qu’il n’y a pas de liberté dans un pays, chacun recherche le crédit, parce que l’espoir d’obtenir des places est l’unique principe de vie qui anime la société. Les variations continuelles dans la façon de s’exprimer, le style embrouillé des écrits politiques, dont les restrictions mentales et les explications flexibles se prêtent à tout ; les révérences, et les refus de révérences, les emportemens et les condescendances, ont pour unique but le crédit, et puis le crédit, et