Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
79
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE XI.

Les étrangers repoussés de France en 1792.

LES prisonniers d’Orléans avoient subi le sort des prisonniers de Paris, les prêtres avoient été massacrés au pied des autels, la famille royale étoit captive au Temple ; M. de la Fayette, fidèle au vœu durable de la nation, la monarchie constitutionnelle, avoit quitté son armée plutôt que de faire un serment contraire à celui qu’il venoit de prêter au roi. Une convention nationale étoit convoquée, et la république fut proclamée en présence des rois victorieux, dont les armées n’étoient qu’à quarante lieues de Paris. Cependant la plupart des officiers françois étoient émigrés ; ce qu’il restoit de troupes n’avoit jamais fait la guerre, et l’administration étoit dans un état affreux. Il y avoit de la grandeur dans une telle résolution, prise au milieu des plus grands périls ; bientôt elle fit revivre dans tous les cœurs l’intérêt que l’on prenoit à la nation françoise ; et si, rentrés dans leurs foyers, les guerriers vainqueurs eussent renversé les révolutionnaires, encore