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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

demande pas mieux que de diminuer les obstacles qu’elle doit rencontrer pour l’obtenir. Aussi les proclamations des étrangers, adressées aux nations contre lesquelles ils combattent, se réduisent-elles toutes à dire : Ne nous résistez pas ; et la réponse des peuples fiers doit être : Nous vous résisterons.

Les amis de la liberté, dans cette circonstance, étoient, comme ils le seront toujours, opposés aux étrangers ; mais ils ne pouvoient pas se dissimuler non plus qu’on avoit mis le roi dans une situation qui le réduisoit à désirer le secours des coalisés. Quelles ressources pouvoit-il alors rester aux patriotes vertueux ?

M. de la Fayette fit proposer à la famille royale de venir se réfugier à Compiègne, dans son armée. C’étoit le parti le meilleur et le plus sûr ; mais les personnes qui avoient la confiance du roi et de la reine haïssoient M. de la Fayette autant que s’il eût été un jacobin forcené. Les aristocrates de ce temps-là aimoient mieux tout risquer pour obtenir le rétablissement de l’ancien régime, que d’accepter un secours efficace, à la condition d’adopter sincèrement les principes de la révolution, c’est-à-dire, le gouvernement représentatif. L’offre de M. de la Fayette fut donc refusée, et le roi se soumit au terrible