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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

jamais le respect que la race humaine doit inspirer.

L’Europe a su comment madame Elisabeth, sœur du roi, voulut empêcher qu’on ne détrompât les furieux qui la prenoient pour la reine, et la menaçoient à ce titre. La reine elle-même devoit être reconnue à l’ardeur avec laquelle elle pressoit ses enfans contre son cœur. Le roi, dans ce jour, montra toutes les vertus d’un saint. Il n’étoit déjà plus temps de se sauver en héros ; le signe horrible du massacre, le bonnet rouge, fut placé sur sa tête dévouée ; mais rien ne pouvoit l’humilier, puisque toute sa vie n’étoit qu’un sacrifice continuel.

L’assemblée, honteuse de ses auxiliaires, envoya quelques-uns des députés pour sauver la famille royale, et Vergniaud, l’orateur le plus éloquent peut-être de tous ceux qui se sont fait entendre à la tribune françoise, dissipa dans peu d’instans la populace.

Le général la Fayette, indigné de ce qui se passoit à Paris, quitta son armée pour venir à la barre de l’assemblée demander justice de l’affreuse journée du 20 juin 1792. Si les girondins alors s’étoient réunis à lui et à ses amis, on pouvoit peut-être encore empêcher l’entrée des étrangers, et rendre au roi l’autorité consti-