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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

et, plus on étoit ami de la liberté, plus la conduite du parti républicain excitoit d’indignation au fond de l’âme.

Ce qu’il importe, avant tout, de considérer dans les grandes crises politiques, c’est si la révolution qu’on désire est en harmonie avec l’esprit du temps. En tâchant d’opérer le retour des anciennes institutions, c’est-à-dire, en voulant faire reculer la raison humaine, on enflamme toutes les passions populaires. Mais si l’on aspire au contraire à fonder une république dans un pays qui la veille avait tous les défauts et tous les vices que les monarchies absolues doivent enfanter, on se voit dans la nécessité d’opprimer pour affranchir, et de se souiller ainsi de forfaits, en proclamant le gouvernement qui se fonde sur la vertu. Une manière sûre de ne pas se tromper sur ce que veut la majorité d’une nation, c’est de ne suivre jamais qu’une marche légale pour parvenir au but même que l’on croit le plus utile. Dès qu’on ne se permet rien d’immoral, on ne contrarie jamais violemment le cours des choses.

La guerre des François, qui fut depuis si brillante, commença par des revers. Les soldats, à Lille, après leur déroute, massacrèrent leur chef Théobald Dillon, dont ils soupçon-