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CONSIDÉRATIONS

le massacre de la Saint-Barthélemi ; mais ce fut une reine italienne qui donna son esprit de ruse et de dissimulation aux instrumens dont elle se servit. Les moyens employés pour accomplir la révolution ne valoient pas mieux que ceux dont on se sert pour ourdir une conspiration : en effet, commettre un crime sur la place publique, ou le combiner dans son cabinet, c’est être également coupable ; mais il y a la perfidie de moins.

L’assemblée législative renversoit la monarchie avec des sophismes. Ses décrets altéroient le bon sens et dépravoient la moralité de la nation. Il falloit une sorte d’hypocrisie politique, encore plus dangereuse que l’hypocrisie religieuse, pour détruire le trône pièce à pièce, en jurant toutefois de le maintenir. Aujourd’hui les ministres étoient accusés ; demain la garde du roi étoit licenciée ; un autre jour l’on accordoit des récompenses aux soldats du régiment de Châteauvieux qui s’étoient révoltés contre leurs chefs ; les massacres d’Avignon trouvoient des défenseurs dans le sein de l’assemblée ; enfin, soit que l’établissement d’une république en France parût ou non désirable, il ne pouvoit y avoir qu’une façon de penser sur le choix des moyens employés pour y parvenir ;