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CONSIDÉRATIONS

François par la convention de Pilnitz et les rassemblemens de Coblentz. Les récriminations réciproques doivent remonter jusqu’à cette époque. Toutefois l’opinion européenne et la sagesse de l’Autriche auroient prévenu la guerre, si l’assemblée législative eût été modérée. La plus grande précision dans la connaissance des dates est nécessaire pour juger avec impartialité qui, de l’Europe ou de la France, a été l’agresseur. Six mois plus tard rendent sage en politique ce qui ne l’étoit pas six mois plus tôt, et souvent on confond les idées, parce qu’on a confondu les temps.

Les puissances eurent tort, en 1791, de se laisser entraîner aux mesures imprudentes conseillées par les émigrés. Mais, après le 10 août 1792, quand le trône fut renversé, l’état des choses en France devint tout-à-fait inconciliable avec l’ordre social. Ce trône, toutefois, ne se seroit-il pas maintenu, si l’Europe n’avoit pas menacé la France d’intervenir à main armée dans ses débats intérieurs, et révolté la fierté d’une nation indépendante, en lui imposant des lois ? La destinée seule a le secret de semblables suppositions : une chose est incontestable ; c’est que la convention de Pilnitz a commencé la longue guerre européenne. Or les jacobins désiroient