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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE V.

De la première guerre contre la France et l’Europe.

ON ne doit pas s’étonner que les rois et les princes n’aient jamais aimé les principes de la révolution françoise. C’est mon métier, à moi, d’être royaliste, disoit Joseph II. Mais comme l’opinion des peuples pénètre toujours dans le cabinet des rois, au commencement de la révolution, lorsqu’il ne s’agissoit que d’établir une monarchie limitée, aucun monarque de l’Europe ne songeoit sérieusement à faire la guerre à la France pour s’y opposer. Le progrès des lumières étoit tel dans toutes les parties du monde civilisé, qu’alors, comme aujourd’hui, un gouvernement représentatif, plus ou moins semblable à celui de l’Angleterre, paraissoit convenable et juste ; et ce système ne rencontroit point d’adversaires imposans parmi les Anglais, ni parmi les Allemands. Burke, dès l’année 1791, exprima son indignation contre les crimes déjà commis en France et contre les faux systèmes de politique qu’on y avoit adoptés ; mais ceux du parti aristocrate qui, sur le conti-