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CONSIDÉRATIONS

repousser ce qu’il y avoit de bon dans chaque manière de voir, afin de composer le pire des fléaux humains, la tyrannie dans un pays civilisé.

Quelques écrivains ont essayé de faire une théorie abstraite du despotisme, afin de le recrépir, pour ainsi dire, de façon à lui donner un air de nouveauté philosophique. D’autres, du parti des parvenus, se sont plongés dans le machiavélisme, comme s’il y avoit là de la profondeur, et ils ont présenté le pouvoir des hommes de la révolution, comme une garantie suffisante contre le retour des anciens gouvernemens : comme s’il n’y avoit que des intérêts dans ce monde, et que la direction de l’espèce humaine n’eut rien de commun avec la vertu ! Il n’est resté de ces tours d’adresse qu’une certaine combinaison de phrases, sans l’appui d’aucune idée vraie, et néanmoins construites comme il le faut grammaticalement, avec des verbes, des nominatifs et des accusatifs. Le papier souffre tout, disoit un homme d’esprit. Sans doute il souffre tout, mais les hommes ne gardent point le souvenir des sophismes ; et fort heureusement pour la dignité de la littérature, aucun monument de cet art généreux ne peut s’élever sur de fausses bases. Il faut des accens de