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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE XV.

De la législation et de l’administration sous Bonaparte.

ON n’a point encore assez caractérisé l’arbitraire sans bornes et la corruption sans pudeur du gouvernement civil sous Bonaparte. On pourroit croire, qu’après le torrent d’injures auquel on s’abandonne toujours en France contre les vaincus, il ne peut rester sur une puissance renversée aucun mal à dire que les flatteurs du règne suivant n’aient épuisé. Mais comme on vouloit ménager la doctrine du despotisme, tout en attaquant Bonaparte ; comme un grand nombre de ceux qui l’injurient aujourd’hui l’avoient loué la veille, il falloit, pour mettre quelque accord dans une conduite où il n’y avoit de conséquent que la bassesse, attaquer l’homme au delà même de ce qu’il mérite, et néanmoins se taire, à beaucoup d’égards, sur un système dont on vouloit se servir encore. Le plus grand crime de Napoléon toutefois, celui pour lequel tous les penseurs, tous les écrivains dispensateurs de la gloire dans la posté-