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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tant pas trop s’éloigner du texte. On est remonté, dans quelques écrits, jusqu’à Guillaume le Conquérant, pour qualifier de révolte la bataille de Hastings, et l’ignorance facilitoit à la bassesse les plus misérables calomnies. Les journalistes de Bonaparte, auxquels nul ne pouvoit répondre, ont défiguré l’histoire, les institutions et le caractère de la nation angloise. C’est encore un des fléaux de l’esclavage de la presse : la France les a tous subis.

Comme Bonaparte se respectoit lui-même plus que ceux qui lui étoient soumis, il se permettoit quelquefois dans la conversation de dire assez de bien de l’Angleterre, soit qu’il voulût préparer les esprits, pour telle circonstance où il lui conviendroit de traiter avec le gouvernement anglois, soit plutôt qu’il aimât à s’affranchir un moment du faux langage qu’il commandoit à ses serviteurs. C’étoit le cas de dire : Faisons mentir nos gens.