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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

de Brennus étoit du même côté que l’or, pour faire pencher la balance, quelle terrible séduction ! Néanmoins, les calculs de l’ambition et de l’avidité n’auroient pas suffi pour soumettre la France à Bonaparte ; il faut quelque chose de grand pour remuer les masses, et c’étoit la gloire militaire qui enivroit la nation, tandis que les filets du despotisme étoient tendus par quelques hommes dont on ne sauroit assez signaler la bassesse et la corruption. Ils ont traité de chimère les principes constitutionnels, comme l’auroient pu faire les courtisans des vieux gouvernemens de l’Europe, dans les rangs desquels ils aspiroient à se placer. Mais le maître, ainsi que nous allons le voir, vouloit encore plus que la couronne de France, et ne s’en est pas tenu au despotisme bourgeois dont ses agens civils auroient souhaité qu’il se contentât chez lui, c’est-à-dire, chez nous.