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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

constitutionnels : ils avoient du courage, de la raison, de la persévérance, et l’on ne pouvoit les accuser d’aucun préjugé aristocratique. Ainsi, la lutte qu’ils soutinrent en faveur de la monarchie fait infiniment d’honneur à leur conduite politique. Le même parti jacobin, qui existoit dans l’assemblée constituante, sous le nom de la Montagne, se remontra dans l’assemblée législative ; mais il étoit encore moins digne d’estime que ses prédécesseurs. Car, au moins, dans l’assemblée constituante, l’on avoit eu lieu de craindre, pendant quelques momens, que la cause de la liberté ne fût pas la plus forte, et les partisans de l’ancien régime, restés députés, pouvoient encore être redoutables ; mais, dans l’assemblée législative, il n’y avoit ni dangers, ni obstacles, et les factieux étoient obligés de créer des fantômes pour exercer contre eux l’escrime de la parole.

Un trio singulier, Merlin de Thionville, Bazire et le ci-devant capucin Chabot, se signaloient parmi les jacobins ; ils en étoient les chefs, précisément parce qu’étant placés au dernier rang sous tous les rapports, ils rassuroient entièrement l’envie : c’étoit le principe de ce parti, qui soulevoit l’ordre social par