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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE XI.

Bonaparte empereur. La contre-révolution faite par lui.

LORSQU’À la fin du dernier siècle, Bonaparte se mit à la tête du peuple François, la nation entière souhaitoit un gouvernement libre et constitutionnel. Les nobles, depuis long-temps hors de France, n’aspiroient qu’à rentrer en paix dans leurs foyers ; le clergé catholique réclamoit la tolérance ; les guerriers républicains ayant effacé par leurs exploits l’éclat des distinctions nobiliaires, la race féodale des anciens conquérans respectoit les nouveaux vainqueurs, et la révolution étoit faite dans les esprits. L’Europe se résignoit à laisser à la France la barrière du Rhin et des Alpes, et il ne restoit qu’à garantir ces biens, en réparant les maux que leur acquisition avoit entraînés. Mais Bonaparte conçut l’idée d’opérer la contre-révolution à son avantage, en ne conservant dans l’état, pour ainsi dire, aucune chose nouvelle que lui-même. Il rétablit le trône, le clergé et la noblesse ; une monarchie, comme l’a dit M. Pitt,