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CONSIDÉRATION

falloit le relever, en augmentant le pouvoir du trône. Toutefois, le premier décret de cette assemblée législative fut pour refuser le titre de majesté au roi, et pour lui assigner un fauteuil en tout semblable à celui du président. Les représentans du peuple se donnoient ainsi l’air de croire qu’on n’avoit un roi que pour lui faire plaisir à lui-même, et qu’en conséquence on devoit retrancher de ce plaisir le plus possible. Le décret du fauteuil fut rapporté, tant il excita de réclamations parmi les hommes sensés ! mais le coup étoit porté, soit dans l’esprit du roi, soit dans celui du peuple ; l’un sentit que sa position n’étoit pas tenable, l’autre embrassa le désir et l’espoir de la république.

Trois partis très-distincts se faisoient remarquer dans l’assemblée : les constitutionnels, les jacobins et les républicains. Il n’y avoit presque pas de nobles, et point de prêtres parmi les constitutionnels ; la cause des privilégiés étoit déjà perdue, mais celle du trône se disputoit encore, et les propriétaires et les esprits sages formoient un parti conservateur au milieu de la tourmente populaire.

Ramond, Matthieu Dumas, Jaucourt, Beugnot, Girardin, se distinguoient parmi les