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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE X.

Résumé des principes de M. Necker, en matière de
gouvernement
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ON a souvent dit que la religion étoit nécessaire au peuple ; et je crois facile de prouver que les hommes d’un rang élevé en ont plus besoin encore. Il en est de même de la morale dans ses rapports avec la politique. On n’a cessé de répéter qu’elle convenoit aux particuliers, et non aux nations : il est au contraire vrai que c’est aux gouvernemens surtout que les principes fixes sont applicables. L’existence de tel ou tel individu étant passagère, il arrive quelquefois qu’une mauvaise action lui sert pour un moment, dans une conjoncture où son intérêt personnel est compromis ; mais, les nations étant durables, elles ne sauroient s’affranchir des lois générales et permanentes de l’ordre intellectuel, sans marcher à leur perte. L’injustice qui peut servir à un homme, par exception, est toujours nuisible aux successions d’hommes dont le sort rentre forcément dans la règle universelle. Mais ce qui a donné quel-